Ah, attendre ! Ce n’est pas ce que les artistes préfèrent, mais beaucoup savent s’en inspirer.Il y a d’abord l’attente que l’on subit. Celle de l’être aimé, peut-être perdu, que Barbara chante sans cri, mais le cœur à vif (Dis, quand reviendras-tu ?). Ou celle d’un messie salvateur, quel qu’il soit — ici des extraterrestres — dans l’ironie froide des Stranglers (Waiting for the Meninblack). À l’opposé du registre, Maxence Mélot s’amuse du piège d’une attente inutile, figé sur le seuil dans Devant l’entrée.Mais souvent, l’attente est un choix, et ce choix nous interroge : jusqu’à quand — et surtout, quoi — attend-on ? C’est la question obsessionnelle posée par The Black Exotics (What am I Waiting For), ou existentielle chez Zero 7 et Sophie Barker, qui scrutent dans In the Waiting Line la mécanique d’un quotidien dénué de sens.Faut-il alors persister, ou renoncer ? Abandonner l’idée d’un renouveau intérieur, comme chez Pain of Salvation, où WAIT dépeint l’impossibilité de changer malgré les promesses ? Ou faire le deuil d’un amour fatigué, comme le suggèrent Ben Mazué et Pomme dans J’attends, tendres et désabusés à la fois ?Heureusement, certains accueillent l’attente comme un temps nécessaire. Dans Patience, Tame Impala chante un chemin intérieur, sans hâte, vers soi. The Doors, eux, attendent le lever du jour dans Waiting for the Sun, portés par l’espoir fragile qu’un monde neuf est encore possible. Et enfin, Sacha Distel et Henri Salvador clôturent cette playlist sur une fausse légèreté pleine de bon sens : Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? — invitation malicieuse à oser… ne plus attendre.