Ah, la rébellion ! Moteur émotionnel et souvent étendard de la jeunesse, elle irrigue le registre pop-rock, lui-même né et nourri de frondes artistiques. Les colères sociales y trouvent des hymnes : l’insurrection punk des Sex Pistols (Anarchy in the U.K.), le sarcasme géopolitique des Dead Kennedys (Holiday in Cambodia), et, plus tard, le cri venu des mêmes périphéries avec Mafia K’1 Fry (Guerre). Mais l’insurrection pop-rock ne se résume pas aux slogans rageurs : certains appellent à l’insoumission pour avancer, comme Tears for Fears invitant à briser la chape de l'héritage familial (Shout) ; d’autres conjurent de ne pas reculer, à l’image des Manic Street Preachers (If You Tolerate This Your Children Will Be Next). L’invective se précise quand The B-52’s opposent leur exubérance aux diktats de la société de consommation (Channel Z), ou que No One Is Innocent branche la contestation à l’ère numérique (Révolution.com).
Restent la gravité des faits et l’incertitude de leur suite : U2 rappelle, sans triomphalisme, le prix du sang (Sunday Bloody Sunday), pendant que The Stranglers pressentent le piège de la révolution iranienne (Shah Shah a Go Go). Car une rébellion vise une bifurcation : la colère devient mobilisation, comme l’érige en mot d’ordre Muse (Uprising).
